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L’influence des émotions sur la prise de décision

Par Yasmine Boumenir

04 décembre 2022 - mis à jour le 08 décembre 2022 • 12min

Ceci est une version complète de l’article. Pour lire la version synthétisée de cet article, cliquez ici.

Je m’appelle Emotion et j’ai été pendant longtemps séparée de la famille Cognition qui désigne l’ensemble des processus de traitement de l’information, tels que la perception, la motricité, la mémoire, le raisonnement et la prise de décision, etc. Ce n’est que depuis Charles Darwin (1872), que les scientifiques m’accordent un peu plus d’attention, une fonction cognitive que pourtant j’oriente en cas de tension, et je fais enfin partie de l’équation. Dans son ouvrage « L’expression des émotions chez l’Homme et les animaux » Darwin défend l’intérêt des expressions du visage et du corps dans la survie de l’espèce humaine. Aussi, les expressions engendrées par les six principaux états émotionnels : la joie, la surprise, la peur, le dégoût, la colère et la tristesse, pouvaient être lues par n’importe quel humain et étaient universelles. Cependant, bien que la part biologique soit vraie, elle ne remplit pas à elle seule cette universalité car la part culturelle a été mise de côté (Jack et al. 2012). Ainsi, mon origine est mise à l’épreuve et deux théories de l’émotion émergent : une innée l’autre constructiviste selon laquelle nous construisons culturellement nos émotions dès l’enfance. Une étude récente (Bertoux et al. 2020) publiée dans la revue Brain, vient donner du poids à cette dernière hypothèse selon laquelle les connaissances conceptuelles et linguistiques joueraient un rôle décisif dans la façon dont les individus perçoivent les émotions. A l’opposée, les résultats des travaux de Cowen et al. (2021) semblent être en faveur de la première, à savoir la théorie de l’émotion innée et universelle, selon laquelle il y aurait une tendance différentielle à afficher l’expression mais que cette expression est conceptualisée de manière similaire d’une culture à l’autre. Par exemple, pour le même stimulus, les participants asiatiques et américains affichaient des expressions faciales différentes, mais donnaient une signification similaire à la catégorie d’émotion étudiée.

Contagieuse, véhiculée par les expressions que j’induis et l’environnement dans lequel je me trouve, mon caractère social me permet de m’adapter à la situation. Sartre, me définit comme un acte authentique de la conscience. Il dit également : « Dans l’émotion, c’est le corps qui, dirigé par la conscience, change ses rapports au monde pour que le monde change ses qualités ».

J’apporte de la couleur au monde intérieur individuel mais aussi à celui qui nous entoure en indiquant où regarder, ce qu’il faut retenir, ce à quoi penser et ce qu’il faut faire ensuite.

Qu’est-ce qu’une émotion ?


Mon nom prend origine du mot latin motio = mouvement, e = qui vient de. Du fait des changements corporels que j’occasionne, je rends l’imperceptible perceptible via une réaction biologique spontanée (i.e. augmentation du rythme cardiaque, transpiration, tremblement, excitation, etc.), en réponse à un stimulus externe et invite à la mise en mouvement. Par exemple, l’état émotionnel Peur permet de réagir face au danger, le dégoût de se prémunir contre une intoxication, la joie d’augmenter le bien-être et de préserver la santé.


Ces changements dans le corps liés à l’état émotionnel induit par des stimuli externes et/ou des à ressentis stockés en mémoire, contribuent de manière significative aux sentiments subjectifs qui viennent impacter le jugement et ainsi la prise de décision. Comme l’oubli en cas d’émotion qui sert de mécanisme de protection, la mémoire va emmener le contexte, le ressenti subjectif et la tâche à réaliser, en voyage dans le temps, et ce afin d’explorer des similitudes dans l’expérience passée et des projections dans le futur, pour aboutir à une prise de décision congruente à la situation du moment présent.


Les scientifiques utilisent essentiellement deux dimensions pour analyser les émotions qui sont la valence et l’intensité d’activation. La valence renvoie au caractère plaisant ou déplaisant d’un état émotionnel, on parle alors de valence positive ou valence négative. L’intensité d’activation signifie quant à elle signifie le degré auquel une personne se sent calme ou excitée. Selon un article récent de Alan Cowen (2018), il existe 25 catégories d’émotions et encore plus en comptant les interactions entres elles.


En somme, je donne une étiquette aux jugements et priorise les intentions. Il semblerait que je n’aie pas besoin d’être consciemment ressentie pour influencer les décisions (Winkielman et al., 2005). Je possède une fonction évaluative et témoigne de la capacité des espèces à s’adapter à leur environnement grâce à leur mise en action. Je joue un rôle essentiel dans le comportement et mes effets varient selon les personnes et les situations.

La prise de décision ?

Dans son livre « La décision » Alain Berthoz Ingénieur et neurophysiologiste s’interrogeait : «et si la décision n’était pas raison mais action ? Et si ce que nous appelons aujourd’hui les décideurs ” étaient avant tout des ” hommes d’actions ” ?

Tous les êtres humains voyagent avec un bagage qui diffère en couleur selon son origine et son âge, mais renferme les mêmes organes de base dont les fonctions évoluent, s’adaptent selon l’usage. La perception, l’attention, le raisonnement, la motivation, l’émotion, la mémoire, la prise de décision, toutes sont les fonctions qui viennent absorber, sélectionner, analyser, prédire et choisir l’information nécessaire à la mise en action cohérente de ce bagage. Il semble que l’émotion exerce une influence sur la prise de décision et est un moteur pour le passage ou non à l’action ; la peur en est l’exemple. En effet, en cas de danger, l’individu ou l’animal peut décider de fuir ou de s’immobiliser. La prise de décision étant définie comme un processus cognitif qui permet de sélectionner une action parmi un ensemble d’alternatives. Selon Alain Berthoz : « La décision n’est pas seulement calcul d’une utilité, pari sur une probabilité. Elle est prédiction vécue par un esprit incarné dans un corps sensible. Décider ce n’est pas seulement choisir de faire mais aussi choisir de ne pas faire, supprimer les actions non pertinentes ». Aussi, pour le neuroscientifique Antonio Damasio sans ressenti, impossible de prendre une décision juste (L’erreur de Descartes, 1990, Odile Jacob).

En Economie, dans la théorie des perspectives, proposée par Daniel Kahneman et Amos Tversky en 1979, pour décrire le comportement des individus face au risque, un même problème donne lieu à une décision différente selon la manière dont il est présenté : sous l’angle de ses gains potentiels ou des pertes potentielles. Autrement dit, selon que l’individu adopte l’une ou l’autre de ces perspectives, pourtant équivalentes, il n’aboutit pas à la même décision. Il est ici question d’une sorte d’altération du jugement qui serait provoquée notamment par les émotions. Par exemple, une personne de bonne humeur mettrait davantage l’accent sur les gains alors qu’une personne de mauvaise humeur aurait tendance à mettre l’accent sur les pertes.

Dans un article récent rédigé par Lopez-Persem et Khamassi, on trouve les différents types de prise de décisions et les systèmes qui les influencent. Les recherches sont basées principalement sur i) d’une part, les décisions perceptives qui impliquent une décision sur ce qui est perçu lorsque les stimuli sont ambigus ; ii) d’autre part, les décisions économiques où l’on décide entre plusieurs options ou actions après avoir comparé leurs valeurs subjectives. Les différents systèmes cognitifs pouvant y contribuer seraient : i) Le système pavlovien qui biaise le comportement et donne un attrait pour les stimuli prédicteurs de récompense et une répulsion envers ceux dont les conséquences sont négatives ; ii) le système dirigé par les buts où l’on estime les conséquences des actions avant de décider que faire ; iii) le système habituel basé sur les automatismes développés à force d’être exposés aux mêmes décisions, toujours dans les mêmes contextes. Ce type de fonctionnement donne lieu à des décisions prises le plus souvent rapidement et sans anticipation, rendant ainsi l’individu influençable par les stimuli de l’environnement, du contexte et des émotions.

L’influence des émotions sur la prise de décision

Par Yasmine Boumenir

04 décembre 2022 - mis à jour le 08 décembre 2022 • 12min

Ceci est une version complète de l’article. Pour lire la version synthétisée de cet article, cliquez ici.

Je m’appelle Emotion et j’ai été pendant longtemps séparée de la famille Cognition qui désigne l’ensemble des processus de traitement de l’information, tels que la perception, la motricité, la mémoire, le raisonnement et la prise de décision, etc. Ce n’est que depuis Charles Darwin (1872), que les scientifiques m’accordent un peu plus d’attention, une fonction cognitive que pourtant j’oriente en cas de tension, et je fais enfin partie de l’équation. Dans son ouvrage « L’expression des émotions chez l’Homme et les animaux » Darwin défend l’intérêt des expressions du visage et du corps dans la survie de l’espèce humaine. Aussi, les expressions engendrées par les six principaux états émotionnels : la joie, la surprise, la peur, le dégoût, la colère et la tristesse, pouvaient être lues par n’importe quel humain et étaient universelles. Cependant, bien que la part biologique soit vraie, elle ne remplit pas à elle seule cette universalité car la part culturelle a été mise de côté (Jack et al. 2012). Ainsi, mon origine est mise à l’épreuve et deux théories de l’émotion émergent : une innée l’autre constructiviste selon laquelle nous construisons culturellement nos émotions dès l’enfance. Une étude récente (Bertoux et al. 2020) publiée dans la revue Brain, vient donner du poids à cette dernière hypothèse selon laquelle les connaissances conceptuelles et linguistiques joueraient un rôle décisif dans la façon dont les individus perçoivent les émotions. A l’opposée, les résultats des travaux de Cowen et al. (2021) semblent être en faveur de la première, à savoir la théorie de l’émotion innée et universelle, selon laquelle il y aurait une tendance différentielle à afficher l’expression mais que cette expression est conceptualisée de manière similaire d’une culture à l’autre. Par exemple, pour le même stimulus, les participants asiatiques et américains affichaient des expressions faciales différentes, mais donnaient une signification similaire à la catégorie d’émotion étudiée.

Contagieuse, véhiculée par les expressions que j’induis et l’environnement dans lequel je me trouve, mon caractère social me permet de m’adapter à la situation. Sartre, me définit comme un acte authentique de la conscience. Il dit également : « Dans l’émotion, c’est le corps qui, dirigé par la conscience, change ses rapports au monde pour que le monde change ses qualités ».

J’apporte de la couleur au monde intérieur individuel mais aussi à celui qui nous entoure en indiquant où regarder, ce qu’il faut retenir, ce à quoi penser et ce qu’il faut faire ensuite.

Qu’est-ce qu’une émotion ?


Mon nom prend origine du mot latin motio = mouvement, e = qui vient de. Du fait des changements corporels que j’occasionne, je rends l’imperceptible perceptible via une réaction biologique spontanée (i.e. augmentation du rythme cardiaque, transpiration, tremblement, excitation, etc.), en réponse à un stimulus externe et invite à la mise en mouvement. Par exemple, l’état émotionnel Peur permet de réagir face au danger, le dégoût de se prémunir contre une intoxication, la joie d’augmenter le bien-être et de préserver la santé.


Ces changements dans le corps liés à l’état émotionnel induit par des stimuli externes et/ou des à ressentis stockés en mémoire, contribuent de manière significative aux sentiments subjectifs qui viennent impacter le jugement et ainsi la prise de décision. Comme l’oubli en cas d’émotion qui sert de mécanisme de protection, la mémoire va emmener le contexte, le ressenti subjectif et la tâche à réaliser, en voyage dans le temps, et ce afin d’explorer des similitudes dans l’expérience passée et des projections dans le futur, pour aboutir à une prise de décision congruente à la situation du moment présent.


Les scientifiques utilisent essentiellement deux dimensions pour analyser les émotions qui sont la valence et l’intensité d’activation. La valence renvoie au caractère plaisant ou déplaisant d’un état émotionnel, on parle alors de valence positive ou valence négative. L’intensité d’activation signifie quant à elle signifie le degré auquel une personne se sent calme ou excitée. Selon un article récent de Alan Cowen (2018), il existe 25 catégories d’émotions et encore plus en comptant les interactions entres elles.


En somme, je donne une étiquette aux jugements et priorise les intentions. Il semblerait que je n’aie pas besoin d’être consciemment ressentie pour influencer les décisions (Winkielman et al., 2005). Je possède une fonction évaluative et témoigne de la capacité des espèces à s’adapter à leur environnement grâce à leur mise en action. Je joue un rôle essentiel dans le comportement et mes effets varient selon les personnes et les situations.

La prise de décision ?

Dans son livre « La décision » Alain Berthoz Ingénieur et neurophysiologiste s’interrogeait : «et si la décision n’était pas raison mais action ? Et si ce que nous appelons aujourd’hui les décideurs ” étaient avant tout des ” hommes d’actions ” ?

Tous les êtres humains voyagent avec un bagage qui diffère en couleur selon son origine et son âge, mais renferme les mêmes organes de base dont les fonctions évoluent, s’adaptent selon l’usage. La perception, l’attention, le raisonnement, la motivation, l’émotion, la mémoire, la prise de décision, toutes sont les fonctions qui viennent absorber, sélectionner, analyser, prédire et choisir l’information nécessaire à la mise en action cohérente de ce bagage. Il semble que l’émotion exerce une influence sur la prise de décision et est un moteur pour le passage ou non à l’action ; la peur en est l’exemple. En effet, en cas de danger, l’individu ou l’animal peut décider de fuir ou de s’immobiliser. La prise de décision étant définie comme un processus cognitif qui permet de sélectionner une action parmi un ensemble d’alternatives. Selon Alain Berthoz : « La décision n’est pas seulement calcul d’une utilité, pari sur une probabilité. Elle est prédiction vécue par un esprit incarné dans un corps sensible. Décider ce n’est pas seulement choisir de faire mais aussi choisir de ne pas faire, supprimer les actions non pertinentes ». Aussi, pour le neuroscientifique Antonio Damasio sans ressenti, impossible de prendre une décision juste (L’erreur de Descartes, 1990, Odile Jacob).

En Economie, dans la théorie des perspectives, proposée par Daniel Kahneman et Amos Tversky en 1979, pour décrire le comportement des individus face au risque, un même problème donne lieu à une décision différente selon la manière dont il est présenté : sous l’angle de ses gains potentiels ou des pertes potentielles. Autrement dit, selon que l’individu adopte l’une ou l’autre de ces perspectives, pourtant équivalentes, il n’aboutit pas à la même décision. Il est ici question d’une sorte d’altération du jugement qui serait provoquée notamment par les émotions. Par exemple, une personne de bonne humeur mettrait davantage l’accent sur les gains alors qu’une personne de mauvaise humeur aurait tendance à mettre l’accent sur les pertes.

Dans un article récent rédigé par Lopez-Persem et Khamassi, on trouve les différents types de prise de décisions et les systèmes qui les influencent. Les recherches sont basées principalement sur i) d’une part, les décisions perceptives qui impliquent une décision sur ce qui est perçu lorsque les stimuli sont ambigus ; ii) d’autre part, les décisions économiques où l’on décide entre plusieurs options ou actions après avoir comparé leurs valeurs subjectives. Les différents systèmes cognitifs pouvant y contribuer seraient : i) Le système pavlovien qui biaise le comportement et donne un attrait pour les stimuli prédicteurs de récompense et une répulsion envers ceux dont les conséquences sont négatives ; ii) le système dirigé par les buts où l’on estime les conséquences des actions avant de décider que faire ; iii) le système habituel basé sur les automatismes développés à force d’être exposés aux mêmes décisions, toujours dans les mêmes contextes. Ce type de fonctionnement donne lieu à des décisions prises le plus souvent rapidement et sans anticipation, rendant ainsi l’individu influençable par les stimuli de l’environnement, du contexte et des émotions.

Influence des émotions sur les processus de prise de décision


Il semblerait que je sois (Emotion) un puissant incitateur et préparateur à l’action. Je peux être un puissant outil de prise de décision car je permets une prédiction de l’action en anticipant et projetant les intentions. J’aide les organismes à prendre des « décisions » critiques pour leur survie et pour leur reproduction.


Plusieurs études citées dans le livre Émotion et Cognition de Patrick Lemaire (2021) ont montré l’impact des états émotionnels sur la prise de décision, soit en l’améliorant, soit en la dégradant. En effet, si l’émotion induite ou inconsciente est pertinente pour le raisonnement à effectuer, elle permet d’activer les mécanismes impliqués dans la tâche et de les exécuter correctement. Cependant, quand l’émotion perturbe la tâche, elle empêche la mobilisation efficace des mécanismes nécessaires à l’exécution de la tâche. Blanchette et al. (2014) a montré que la performance réalisée lors de l’exécution d’une tâche cognitive type raisonnement portant sur des énoncés conditionnels « si tu as faim, alors tu vas manger. Tu as faim. Donc tu vas manger » était améliorée grâce au contenu émotionnel pertinent qui lui a été associé. En effet, les participants devaient exécuter la tâche en présence de contenu émotionnel neutre, pertinent ou non pertinent délivré via des photos représentant respectivement, un dauphin, quelqu’un qui a faim ou quelqu’un de triste. Ainsi lorsque les émotions étaient pertinentes, les taux de réussite étaient comparables mais nettement meilleurs en condition émotion pertinente qu’en condition neutre. Par ailleurs, de moins bonnes performances étaient observées dans la condition émotion non pertinente.


De même dans une tâche de jugement une étape cruciale pour la prise de décision, les émotions peuvent amener à surestimer ou surévaluer la probabilité de certains évènements. Ce biais d’estimation peut être amplifié ou amoindri s’il concerne des événements ayant eux même une valence émotionnelle qui peut être liée ou non à l’état émotionnel dans lequel se trouve l’individu qui émet un jugement. En effet, lorsque vous vous trouvez dans un état émotionnel négatif, vous avez tendance à surestimer la probabilité d’un événement négatif. Vous le savez déjà, vous avez certainement testé cet effet de votre état d’humeur sur vos jugements et votre perception de vous-même. Dans deux expériences menées dans ce sens, les participants devaient estimer subjectivement, sur une échelle allant de 1 (très peu) à 11 (beaucoup), leur niveau de satisfaction dans la vie ou s’ils se sentaient heureux soit après avoir réalisé 1) une première expérience qui était de décrire de façon précise soit un événement heureux soit un événement triste vécu récemment ; soit 2) un jour où il faisait beau, soit un jour où il pleuvait. D’après les résultats de ces deux expériences, les jours ensoleillés et la description d’un événement heureux étaient à l’origine d’une estimation nettement meilleure du sentiment de bonheur et de la satisfaction dans la vie. Je vous invite à consulter l’article de Sabrina a cet effet. Plusieurs études ont montré l’impact positif de l’écriture notamment des événements positifs sur l’augmentation du niveau d’intelligence émotionnelle et la satisfaction de vie. Un effet qui a duré dans le temps, deux semaines après l’expérimentation (Wing et al., 2006). Mais aussi la tenue d’un journal pour promouvoir la résilience chez les étudiants (Lohner et Apre, 2021).


J’aime bien cette phrase de François Richer « lorsque la pensée évoquée par l’émotion est elle-même source d’émotion, une boucle est créée entre la pensée et l’émotion qui entretien l’émotion ». Dans ma famille, la joie semble être la plus convoitée et celle que l’on veut garder à plus long terme car en sa présence les prises de décisions sont moins risquées. En utilisant le principe de jeu type casino, et en comparaison avec la condition émotion neutre, les sujets dont l’émotion positive a été induite en amont (on leur avait offert un sac de bonbon à l’arrivée) avaient tendance à prendre moins de risque si la probabilité de gagner n’était pas grande. Selon les auteurs, l’objectif des participants en condition émotion positive était de maintenir cet état.

Tristesse et anxiété sur la prise de décision

De même pour Tristesse, l’individu a tendance à surestimer davantage la probabilité d’un évènement négatif quand il se trouve en compagnie d’un état émotionnel négatif (Johnson & Tversky 1983)

Dans une expérience où les participants étaient mis sous stress pour faire un choix entre deux paris, l’un étant plus risqué que l’autre car la probabilité de gagner était plus faible, les résultats étaient surprenants. En effet, les participants avaient fait des choix plus risqués dans le domaine des pertes que dans le domaine des gains. Le stress conduit les individus à prendre plus de décisions risquées dans une situation où la perte est mise en avant. En situation de perte on minimise la taille du montant perdu, quitte à augmenter les risques de perdre ce montant. Cependant, lorsque le choix est formulé en termes de gain, le stress semble conduire les individus à ne pas prendre de risque afin de maximiser les chances de gains (Études citées dans Lemaire, 2021)

Par ailleurs, les individus chez qui l’anxiété a été activée semblaient préférer l’option la plus sûre (mais aux gains les moins importants). Cependant pour un scénario déclenchant la tristesse, les participants avaient tendance à choisir l’option la plus risquée (aux gains les plus importants). En somme une personne anxieuse aurait tendance à choisir un salaire moyen avec une sécurité de l’emploi. Cependant une personne triste aurait plutôt tendance à choisir un emploi avec un salaire élevée avec une faible sécurité de l’emploi. (Études citées dans Lemaire, 2021)

La préférence pour le risque pour les personnes tristes n’était vraie que pour eux-mêmes, ainsi ils prendraient d’autres choix pour d’autres personnes. Le but est différent si l’on choisi pour soi ou pour l’autre. Chaque émotion déclenche chez l’individu un but à poursuivre. L’anxiété semble emmener l’individu à réduire l’incertitude, tandis que la tristesse donnerait envie d’augmenter le sentiment de bien-être (ce qui possible avec un gain plus élevé). (Études citées dans Lemaire, 2021)

Colère et Dégoût

Lorsqu’une personne est en colère et juge de l’absence de certitude dans une situation éthique, la qualité de sa stratégie cognitive diminue, diminuant ainsi la tendance à une prise de décision plus éthique (Thiel et al. 2011)

En ce qui concerne l’effet de l’état émotionnel dégoût mais aussi tristesse, il semblerait que plus les individus étaient dans l’un ou dans l’autre, plus ils rejetaient les propositions injustes. (Études citées dans Lemaire, 2021).

Conclusion

Les émotions affectent positivement ou négativement nos performances cognitives dans des tâches de jugement, raisonnement et prises de décision. Sous émotions, nos biais d’estimations peuvent nous conduire à surestimer ou au contraire à sous-estimer la probabilité de certains évènements conduisant ainsi i) à de piètres ou de meilleures performances en termes de raisonnement, ii) à prendre des décisions qui sont parfois au mieux de nos intérêts et parfois contraires à nos intérêts (Lemaire, 2021). L’effet des émotions sur les performances citées plus haut dépend de sa valence (positive vs négative), du type d’émotion au sein d’une même valence (dégoût vs tristesse), et de la complexité de la tâche.

Ainsi, nous prenons des décisions risquées quand nous sommes tristes et moins risquées quand nous sommes heureux ou anxieux. La colère quant à elle semble inhiber la prise de décision éthique et la création de sens. A contrario, la peur semble donner lieu à des décisions éthiques par rapport à la colère et à l’absence d’émotions. Le dégoût comme la tristesse sont des états émotionnels qui semblent rejeter les propositions injustes. La régulation des émotions avait semble-il considérablement diminué les effets négatifs de la colère sur la création de sens et les décisions éthiques.

En somme, les émotions peuvent avoir un effet délétère sur les performances cognitives type prise de décision, s’il n’y a pas de concordance entre ces trois éléments i) le contenu sémantique, ii) le ressenti affectif, iii) l’historique affectif (la familiarité de l’individu avec le ressenti affectif). Par ailleurs, trop de joie ou peu d’émotion négative met les personnes dans un état inflexible face à des nouveaux défis.

Comment prendre des décisions sans nous laisser gagner par trop d’émotions ?

Que pensez-vous de la possibilité de leur régulation ?

Exercices de régulation des émotions

L’émotion survient lorsque nous nous trouvons face à un stimulus que nous évaluons pour son caractère agréable ou désagréable, dangereux. Dans son livre Emotion et Cognition, Patrick Lemaire évoque plusieurs stratégies de régulation émotionnelle que je résume ici :

  • Choisir ou éviter la situation source d’émotion (Faire une balade en forêt ou sortir à des moments décalés pour éviter le voisin qui râle tout le temps)
  • Modifier une situation dans laquelle vous vous trouvez et qui active en vous une émotion (Raconter une blague quand l’ambiance est ennuyeuse)
  • Allouer une attention moindre au stimulus qui active en vous une émotion en jouant la carte de distraction attentionnelle (détourner son attention du stimulus qui fait par exemple peur en penchant à quelque chose d’émotionnellement neutre)
  • Réaliser un traitement cognitif ou une réévaluation cognitive de la situation et de l’émotion ressentie. Elle permet de réinterpréter ou réévaluer la signification de la situation. Accepter la situation et l’émotion qui va avec, comme pour un deuil, est un exemple de stratégie de réévaluation cognitive. Se rendre compte que la colère de quelqu’un n’est pas la nôtre en est un autre.
  • La réponse ou l’expression de l’émotion appelée « la suppression expressive ». Elle consiste à infléchir l’expression d’une réponse (comportementale, physiologique) émotionnelle déjà engagée
 

J’utilise personnellement la stratégie de l’image mentale où je représente à l’aide de mon imagination une autre façon de percevoir le stimulus. Pour vaincre ma peur de l’avion, je propulse mes jambes depuis mon siège jusqu’au sol de la piste de décollage. Ceux-ci s’allongent au fur et à mesure que l’avion prend de la hauteur. Ainsi, tout en gardant cette image de pieds au sol qui avancent pour explorer ce qu’il y a au-dessus des nuages, je remplace dans mon imaginaire l’action de voler par l’action de marcher.

La perspective que Majda propose dans son article est très intéressante et constitue également une stratégie de régulation émotionnelle à considérer fortement. Des études récentes montrent l’effet de l’art thérapie sur la réduction des symptômes de l’anxiété, l’augmentation de la qualité de vie subjective et l’amélioration des stratégies de régulation des émotions. Les effets du traitement ont perduré après 3 mois de suivi (Abbing et al, 2019). Je vous invite également à lire l’article rédigé par Lamia la façon de réguler les émotions.

Et si au lieu de réprimer vos émotions, une stratégie qui semble entrainer une baisse des performances cognitives mnésiques, vous reconsidérez la façon de les traiter en utilisant les stratégies de régulation les plus adaptées à la situation.

La nature change de couleurs au fil des saisons et cela a bien une raison.
Références
  • Abbing, A., Baars, E. W., de Sonneville, L., Ponstein, A. S. and Swaab, H. (2019). The Effectiveness of Art Therapy for Anxiety in Adult Women: A Randomized Controlled Trial. Front. Psychol. 10:1203. doi: 10.3389/fpsyg.2019.01203
  • Bertoux, M., Duclos, H., Caillaud, M., Segobin, S., Merck, C., de La Sayette, V., Belliard, S., Desgranges, B., Eustache, F., Laisney, M. (2020). When affect overlaps with concept: emotion recognition in semantic variant of primary progressive aphasia. Brain, Volume 143, Issue 12, Pages 3850–3864, https://doi.org/10.1093/brain/awaa313
  • Cowen, A.S., Prasad, G., Tanaka, M., Kamitani, Y., Kirilyuk, V.D., Somandepalli, K., Jou, B., Schroff, F., Hartwig, A., Brooks, J.A., & Keltner, D. (2021). How emotion is experienced and expressed in multiple cultures: a large-scale experiment. https://doi.org/10.31234/osf.io/gbqtc
  • Lemaire, P. (2021). Émotion et cognition. De Boeck Supérieur.
  • Lohner, M. S., Aprea, C. (2021). The Resilience Journal: Exploring the Potential of Journal Interventions to Promote Resilience in University Students. Front Psychol., 6;12:702683. doi: 10.3389/fpsyg.2021.702683.
  • Lopez-Persem, A., Mehdi Khamassi, M. (2021). Décision et action. Khamassi, M. (Ed.) Neurosciences cognitives. ⟨hal-03411266⟩
  • Thiel., C. E., Connelly, S. and Griffith, J. A. (2011). The influence of anger on ethical decision making: Comparison of a primary and secondary appraisal. Ethics & Behavior, vol. 21, pp. 380-403.
  • Winkielman, P., Berridge, K. C. & Wilbarger, J. L. (2005) Unconscious affective reactions to masked Happy Versus angry faces influence consumption behavior and judgment of value. Personality and social psychology bulletin, 31(1), 121-135.
  • Writing Can Help Us Heal from Trauma (hbr.org)
  • Approaches to research in art therapy – ScienceDirect
Influence des émotions sur les processus de prise de décision


Il semblerait que je sois (Emotion) un puissant incitateur et préparateur à l’action. Je peux être un puissant outil de prise de décision car je permets une prédiction de l’action en anticipant et projetant les intentions. J’aide les organismes à prendre des « décisions » critiques pour leur survie et pour leur reproduction.


Plusieurs études citées dans le livre Émotion et Cognition de Patrick Lemaire (2021) ont montré l’impact des états émotionnels sur la prise de décision, soit en l’améliorant, soit en la dégradant. En effet, si l’émotion induite ou inconsciente est pertinente pour le raisonnement à effectuer, elle permet d’activer les mécanismes impliqués dans la tâche et de les exécuter correctement. Cependant, quand l’émotion perturbe la tâche, elle empêche la mobilisation efficace des mécanismes nécessaires à l’exécution de la tâche. Blanchette et al. (2014) a montré que la performance réalisée lors de l’exécution d’une tâche cognitive type raisonnement portant sur des énoncés conditionnels « si tu as faim, alors tu vas manger. Tu as faim. Donc tu vas manger » était améliorée grâce au contenu émotionnel pertinent qui lui a été associé. En effet, les participants devaient exécuter la tâche en présence de contenu émotionnel neutre, pertinent ou non pertinent délivré via des photos représentant respectivement, un dauphin, quelqu’un qui a faim ou quelqu’un de triste. Ainsi lorsque les émotions étaient pertinentes, les taux de réussite étaient comparables mais nettement meilleurs en condition émotion pertinente qu’en condition neutre. Par ailleurs, de moins bonnes performances étaient observées dans la condition émotion non pertinente.


De même dans une tâche de jugement une étape cruciale pour la prise de décision, les émotions peuvent amener à surestimer ou surévaluer la probabilité de certains évènements. Ce biais d’estimation peut être amplifié ou amoindri s’il concerne des événements ayant eux même une valence émotionnelle qui peut être liée ou non à l’état émotionnel dans lequel se trouve l’individu qui émet un jugement. En effet, lorsque vous vous trouvez dans un état émotionnel négatif, vous avez tendance à surestimer la probabilité d’un événement négatif. Vous le savez déjà, vous avez certainement testé cet effet de votre état d’humeur sur vos jugements et votre perception de vous-même. Dans deux expériences menées dans ce sens, les participants devaient estimer subjectivement, sur une échelle allant de 1 (très peu) à 11 (beaucoup), leur niveau de satisfaction dans la vie ou s’ils se sentaient heureux soit après avoir réalisé 1) une première expérience qui était de décrire de façon précise soit un événement heureux soit un événement triste vécu récemment ; soit 2) un jour où il faisait beau, soit un jour où il pleuvait. D’après les résultats de ces deux expériences, les jours ensoleillés et la description d’un événement heureux étaient à l’origine d’une estimation nettement meilleure du sentiment de bonheur et de la satisfaction dans la vie. Je vous invite à consulter l’article de @Sabrina a cet effet. Plusieurs études ont montré l’impact positif de l’écriture notamment des événements positifs sur l’augmentation du niveau d’intelligence émotionnelle et la satisfaction de vie. Un effet qui a duré dans le temps, deux semaines après l’expérimentation (Wing et al., 2006). Mais aussi la tenue d’un journal pour promouvoir la résilience chez les étudiants (Lohner et Apre, 2021).


J’aime bien cette phrase de François Richer « lorsque la pensée évoquée par l’émotion est elle-même source d’émotion, une boucle est créée entre la pensée et l’émotion qui entretien l’émotion ». Dans ma famille, la joie semble être la plus convoitée et celle que l’on veut garder à plus long terme car en sa présence les prises de décisions sont moins risquées. En utilisant le principe de jeu type casino, et en comparaison avec la condition émotion neutre, les sujets dont l’émotion positive a été induite en amont (on leur avait offert un sac de bonbon à l’arrivée) avaient tendance à prendre moins de risque si la probabilité de gagner n’était pas grande. Selon les auteurs, l’objectif des participants en condition émotion positive était de maintenir cet état.

Tristesse et anxiété sur la prise de décision

De même pour Tristesse, l’individu a tendance à surestimer davantage la probabilité d’un évènement négatif quand il se trouve en compagnie d’un état émotionnel négatif (Johnson & Tversky 1983)

Dans une expérience où les participants étaient mis sous stress pour faire un choix entre deux paris, l’un étant plus risqué que l’autre car la probabilité de gagner était plus faible, les résultats étaient surprenants. En effet, les participants avaient fait des choix plus risqués dans le domaine des pertes que dans le domaine des gains. Le stress conduit les individus à prendre plus de décisions risquées dans une situation où la perte est mise en avant. En situation de perte on minimise la taille du montant perdu, quitte à augmenter les risques de perdre ce montant. Cependant, lorsque le choix est formulé en termes de gain, le stress semble conduire les individus à ne pas prendre de risque afin de maximiser les chances de gains (Études citées dans Lemaire, 2021)

Par ailleurs, les individus chez qui l’anxiété a été activée semblaient préférer l’option la plus sûre (mais aux gains les moins importants). Cependant pour un scénario déclenchant la tristesse, les participants avaient tendance à choisir l’option la plus risquée (aux gains les plus importants). En somme une personne anxieuse aurait tendance à choisir un salaire moyen avec une sécurité de l’emploi. Cependant une personne triste aurait plutôt tendance à choisir un emploi avec un salaire élevée avec une faible sécurité de l’emploi. (Études citées dans Lemaire, 2021)

La préférence pour le risque pour les personnes tristes n’était vraie que pour eux-mêmes, ainsi ils prendraient d’autres choix pour d’autres personnes. Le but est différent si l’on choisi pour soi ou pour l’autre. Chaque émotion déclenche chez l’individu un but à poursuivre. L’anxiété semble emmener l’individu à réduire l’incertitude, tandis que la tristesse donnerait envie d’augmenter le sentiment de bien-être (ce qui possible avec un gain plus élevé). (Études citées dans Lemaire, 2021)

Colère et Dégoût

Lorsqu’une personne est en colère et juge de l’absence de certitude dans une situation éthique, la qualité de sa stratégie cognitive diminue, diminuant ainsi la tendance à une prise de décision plus éthique (Thiel et al. 2011)

En ce qui concerne l’effet de l’état émotionnel dégoût mais aussi tristesse, il semblerait que plus les individus étaient dans l’un ou dans l’autre, plus ils rejetaient les propositions injustes. (Études citées dans Lemaire, 2021).

Conclusion

Les émotions affectent positivement ou négativement nos performances cognitives dans des tâches de jugement, raisonnement et prises de décision. Sous émotions, nos biais d’estimations peuvent nous conduire à surestimer ou au contraire à sous-estimer la probabilité de certains évènements conduisant ainsi i) à de piètres ou de meilleures performances en termes de raisonnement, ii) à prendre des décisions qui sont parfois au mieux de nos intérêts et parfois contraires à nos intérêts (Lemaire, 2021). L’effet des émotions sur les performances citées plus haut dépend de sa valence (positive vs négative), du type d’émotion au sein d’une même valence (dégoût vs tristesse), et de la complexité de la tâche.

Ainsi, nous prenons des décisions risquées quand nous sommes tristes et moins risquées quand nous sommes heureux ou anxieux. La colère quant à elle semble inhiber la prise de décision éthique et la création de sens. A contrario, la peur semble donner lieu à des décisions éthiques par rapport à la colère et à l’absence d’émotions. Le dégoût comme la tristesse sont des états émotionnels qui semblent rejeter les propositions injustes. La régulation des émotions avait semble-il considérablement diminué les effets négatifs de la colère sur la création de sens et les décisions éthiques.

En somme, les émotions peuvent avoir un effet délétère sur les performances cognitives type prise de décision, s’il n’y a pas de concordance entre ces trois éléments i) le contenu sémantique, ii) le ressenti affectif, iii) l’historique affectif (la familiarité de l’individu avec le ressenti affectif). Par ailleurs, trop de joie ou peu d’émotion négative met les personnes dans un état inflexible face à des nouveaux défis.

Comment prendre des décisions sans nous laisser gagner par trop d’émotions ?

Que pensez-vous de la possibilité de leur régulation ?

Exercices de régulation des émotions

L’émotion survient lorsque nous nous trouvons face à un stimulus que nous évaluons pour son caractère agréable ou désagréable, dangereux. Dans son livre Emotion et Cognition, Patrick Lemaire évoque plusieurs stratégies de régulation émotionnelle que je résume ici :

  • Choisir ou éviter la situation source d’émotion (Faire une balade en forêt ou sortir à des moments décalés pour éviter le voisin qui râle tout le temps)
  • Modifier une situation dans laquelle vous vous trouvez et qui active en vous une émotion (Raconter une blague quand l’ambiance est ennuyeuse)
  • Allouer une attention moindre au stimulus qui active en vous une émotion en jouant la carte de distraction attentionnelle (détourner son attention du stimulus qui fait par exemple peur en penchant à quelque chose d’émotionnellement neutre)
  • Réaliser un traitement cognitif ou une réévaluation cognitive de la situation et de l’émotion ressentie. Elle permet de réinterpréter ou réévaluer la signification de la situation. Accepter la situation et l’émotion qui va avec, comme pour un deuil, est un exemple de stratégie de réévaluation cognitive. Se rendre compte que la colère de quelqu’un n’est pas la nôtre en est un autre.
  • La réponse ou l’expression de l’émotion appelée « la suppression expressive ». Elle consiste à infléchir l’expression d’une réponse (comportementale, physiologique) émotionnelle déjà engagée
 

J’utilise personnellement la stratégie de l’image mentale où je représente à l’aide de mon imagination une autre façon de percevoir le stimulus. Pour vaincre ma peur de l’avion, je propulse mes jambes depuis mon siège jusqu’au sol de la piste de décollage. Ceux-ci s’allongent au fur et à mesure que l’avion prend de la hauteur. Ainsi, tout en gardant cette image de pieds au sol qui avancent pour explorer ce qu’il y a au-dessus des nuages, je remplace dans mon imaginaire l’action de voler par l’action de marcher.

La perspective que Majda propose dans son article est très intéressante et constitue également une stratégie de régulation émotionnelle à considérer fortement. Des études récentes montrent l’effet de l’art thérapie sur la réduction des symptômes de l’anxiété, l’augmentation de la qualité de vie subjective et l’amélioration des stratégies de régulation des émotions. Les effets du traitement ont perduré après 3 mois de suivi (Abbing et al, 2019). Je vous invite également à lire l’article rédigé par Lamia la façon de réguler les émotions.

Et si au lieu de réprimer vos émotions, une stratégie qui semble entrainer une baisse des performances cognitives mnésiques, vous reconsidérez la façon de les traiter en utilisant les stratégies de régulation les plus adaptées à la situation.

La nature change de couleurs au fil des saisons et cela a bien une raison.
Références
  • Abbing, A., Baars, E. W., de Sonneville, L., Ponstein, A. S. and Swaab, H. (2019). The Effectiveness of Art Therapy for Anxiety in Adult Women: A Randomized Controlled Trial. Front. Psychol. 10:1203. doi: 10.3389/fpsyg.2019.01203
  • Bertoux, M., Duclos, H., Caillaud, M., Segobin, S., Merck, C., de La Sayette, V., Belliard, S., Desgranges, B., Eustache, F., Laisney, M. (2020). When affect overlaps with concept: emotion recognition in semantic variant of primary progressive aphasia. Brain, Volume 143, Issue 12, Pages 3850–3864, https://doi.org/10.1093/brain/awaa313
  • Cowen, A.S., Prasad, G., Tanaka, M., Kamitani, Y., Kirilyuk, V.D., Somandepalli, K., Jou, B., Schroff, F., Hartwig, A., Brooks, J.A., & Keltner, D. (2021). How emotion is experienced and expressed in multiple cultures: a large-scale experiment. https://doi.org/10.31234/osf.io/gbqtc
  • Lemaire, P. (2021). Émotion et cognition. De Boeck Supérieur.
  • Lohner, M. S., Aprea, C. (2021). The Resilience Journal: Exploring the Potential of Journal Interventions to Promote Resilience in University Students. Front Psychol., 6;12:702683. doi: 10.3389/fpsyg.2021.702683.
  • Lopez-Persem, A., Mehdi Khamassi, M. (2021). Décision et action. Khamassi, M. (Ed.) Neurosciences cognitives. ⟨hal-03411266⟩
  • Thiel., C. E., Connelly, S. and Griffith, J. A. (2011). The influence of anger on ethical decision making: Comparison of a primary and secondary appraisal. Ethics & Behavior, vol. 21, pp. 380-403.
  • Winkielman, P., Berridge, K. C. & Wilbarger, J. L. (2005) Unconscious affective reactions to masked Happy Versus angry faces influence consumption behavior and judgment of value. Personality and social psychology bulletin, 31(1), 121-135.
  • Writing Can Help Us Heal from Trauma (hbr.org)
  • Approaches to research in art therapy – ScienceDirect

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À propos de Yasmine

Je m’appelle cette fois-ci, non sérieusement, depuis toujours : Yasmine. Je suis docteur en sciences cognitives mais aussi titulaire de deux Masters, en génétique et en neurosciences. J’ai conduit plusieurs projets de recherche allant de i) l’étude des performances et du traitement multisensoriel de l’information spatiale via l’usage d’environnements de réalité virtuelle vs réels à ii) l’étude de l’impact des environnements d’apprentissage sur la motivation, la créativité, la collaboration des étudiants ingénieurs. Dans le domaine de l’éducation, j’ai i) conçu et piloté une formation en innovation en utilisant les bases des sciences cognitives en termes de méthodes d’apprentissage et de motivation & ii) accompagné les élèves ingénieurs dans la réalisation de leur projet professionnel. Je soutiens fortement l’interdisciplinarité qui est pour moi la clé de la compréhension. Je remercie Lamia de cette opportunité de croiser les regards. Vous pouvez me contacter via mon compte LinkedIn.

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